La Bougeotte, nouveau mal du siècle ?

Laurent Castaignède estime que la transition énergétique ne résoudra rien au problème de pollution des transports. Selon lui, il faut repenser la société et les déplacements, éliminer la “bougeotte”, qu’il décrit comme une véritable maladie.

La Bougeotte, nouveau mal du siècle? est une lecture qui sort des sentiers battus, bien loin des discours politiques concernant la mobilité. Alors que les incitations sont nombreuses pour accélérer le remplacement des voitures thermiques par des voitures électriques, Laurent Castaignède estime que cela n’aura aucun impact sur l’environnement. Cet ingénieur diplômé de Centrale Paris, qui a travaillé pendant neuf ans pour Renault, est aujourd’hui à la tête du cabinet BCO2, spécialisé dans les bilans carbone. Il pointe du doigt l’idéologie qui consiste à vouloir résoudre les problèmes en remplaçant une technologie par une autre. La solution est ailleurs: elle consiste à repenser la société pour limiter les déplacements.

Challenges – Selon vous, la vitesse n’est pas synonyme de gain de temps. Pouvez-vous expliquer cette idée contre-intuitive?

Laurent Castaignède – Pour comprendre, il faut s’intéresser à l’histoire des transports, se demander pourquoi l’augmentation de la vitesse s’est accompagnée d’une multiplication de l’usage. On se rend compte effectivement que la vitesse des transports augmente avec les progrès technologiques. Intuitivement, on imagine que si on se déplace plus rapidement, on gagne du temps et c’est ainsi que le progrès est vendu commercialement. Mais sociologiquement, on constate que le temps de déplacement dépensé pour aller au travail, faire ses courses, ou partir en vacances est stable voire en augmentation, parce que la distance augmente. En bref, les moyens de transports sont plus rapides mais on perd du temps!

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Cette analyse est assez ancienne, et illustre l’effet rebond: au lieu de gagner du temps, on gagne de la distance. En 1900, l’écrivain H.G. Wells publiait Anticipations, précisant qu’il ne s’agissait pas d’un roman de science-fiction, mais d’un pronostic sur ce qui pourrait arriver en 2000. Il prédisait déjà l’effet rebond de la vitesse sur la distance. En effet, le rayon d’une ville est gouverné par la vitesse des transports de masse. Jusqu’au début du vingtième siècle, le rayon moyen d’une ville était de 6 km, distance qu’on peut parcourir en une heure de marche. Certaines étaient plus grandes du fait d’un recours important au cheval. Wells imaginait des transports dont la vitesse moyenne était de 50 km/h gouvernant la taille des villes à un rayon de 50 km.

Oui, c’est pourquoi les voitures électriques n’auront jamais trop d’autonomie 😉

Un exemple frappant date de 1909, avec la construction du métro parisien, dont le but était de désengorger la surface, à une époque où Paris était la ville plus engorgée au monde. Le métro a fonctionné correctement et pourtant, le trafic a augmenté en surface! Le rapport d’analyse dressé à l’époque était presque mot pour mot: “Cela doit être une leçon pour les générations futures. Si on met à disposition un transport rapide et bon marché, on développe le goût du déplacement”. Par conséquent, la distance et la fréquence des déplacements augmentent sans gain de temps réel. Pourtant, ces analyses ont été oubliées. Pour preuve, le projet du Grand Paris procède de la même réflexion. Car du point de vue du business, la ville est gagnante: on stimule le commerce par une offre attractive, ce qui élargit son périmètre marchand. source

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