Chaque année, 8,7 millions de décès prématurés dans le monde sont imputables à la pollution provenant des combustibles fossiles. Depuis des décennies c’est bien plus que les décès liés au coronavirus. Ce chiffre impressionnant, qui dépasse toutes les estimations précédentes, est le résultat d’une étude à grande échelle menée par une équipe de chercheurs d’Harvard et de plusieurs universités britanniques. Si des disparités régionales existent, avec une mortalité plus importante observée notamment en Chine et en Inde, ces résultats devraient constituer un inquiétant signal d’alarme pour les gouvernements à travers le monde. Les chercheurs appellent ainsi les décideurs politiques à redoubler d’efforts pour limiter cette pollution de toute urgence.
Alors que le nombre de morts liés à la pandémie de la covid-19 dans le monde augmente sans cesse, il est vital de s’intéresser aux autres causes de mortalité les plus importantes. Celles dont on ne semble pas trop s’indigner collectivement. En bonne place parmi celles-ci, on retrouve la pollution issue des combustibles fossiles. Rien qu’en 2018, ce phénomène était à l’origine de 8,7 millions de morts, soit près d’un décès prématuré sur cinq. Comparativement aux mesures drastiques prises par de nombreux gouvernements dans le monde pour lutter contre la pandémie, force est de constater que les efforts destinés à limiter les impacts des énergies fossiles demeurent trop faibles, si pas inexistants, alors même qu’ils sont à l’origine d’un nombre de morts bien plus important.
L’usage des combustibles fossiles a pourtant de nombreux autres impacts délétères et incalculables, en contribuant au dérèglement climatique et à la dégradation des écosystèmes naturels (pollution de l’eau, conditions d’extractions désastreuses, marées noires, etc.). Certains conflits internationaux sont par ailleurs directement liés à la compétition pour les ressources fossiles, considérées comme hautement stratégiques par les gouvernements de nos sociétés largement dépendantes à cette source d’énergie. Régulièrement interpellés à propos du climat, les décideurs politiques sont donc aujourd’hui encore appelés par les scientifiques à agir d’urgence pour s’affranchir de cette dépendance, en raison cette-fois de ses effets sanitaires désastreux.
L’exposition à la pollution liée aux combustibles fossiles atteint un niveau de mortalité qui dépasse toutes les estimations précédentes.
Les récentes estimations largement dépassées
Les impacts sur la santé humaine de la combustion du charbon, du pétrole et du gaz naturel pourraient en effet être bien plus importants que ce que les données précédentes suggéraient. Publiée dans la revue Environmental Research, cette nouvelle étude, menée par des chercheurs des universités de Harvard, de Birmingham, de Leicester et du College London, suggère une mortalité réelle deux fois plus élevée que le chiffre avancé par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). L’institution estimait en effet à « seulement » 4,2 millions le nombre de décès dus à la pollution de l’air dans le monde annuellement.
« Notre étude n’est certainement pas la seule à mettre en évidence un impact important sur la santé dû à l’exposition à la pollution de l’air, mais nous avons été stupéfaits par l’ampleur de l’estimation que nous avons obtenue », a déclaré Éloïse Marais, experte en chimie atmosphérique à l’University College London et co-auteure de l’étude, à l’agence Reuters. Pour parvenir à ces résultats inédits, les scientifiques ont adopté une nouvelle approche. C’est un outil de modélisation atmosphérique en 3D qui leur a permis d’identifier les plus grandes concentrations de pollution par les particules fines (PM2,5) dans le monde, des données qu’ils ont combinées avec d’autres mesures plus précises.
La Chine, pays le plus durement touché
Les données de l’OMS démontraient déjà que neuf personnes sur dix vivent dans des zones où la pollution de l’air dépasse les niveaux de sécurité établis. L’étude confirme que ces régions sont celles qui connaissent les taux de mortalités les plus élevés, avec 62% des décès qui interviennent en Chine (3,9 millions) et en Inde (2,5 millions). Le gouvernement chinois a pourtant mis en place certaines initiatives pour limiter la pollution de l’air, particulièrement alarmante dans les grandes villes du pays. D’après les scientifiques, ces efforts auraient tout de même permis de sauver 1,5 millions de vies en Chine, et de réduire de près d’un million le nombre de décès dus à la pollution aux particules fines en dehors du pays.
La Chine, pays connu pour ses pics de pollution, est le pays le plus touché par ses dégâts.
Plusieurs régions d’Europe, du nord-est des États-Unis et du sud-est de l’Asie sont également parmi les plus durement touchées. L’étude s’est par ailleurs intéressée à la mortalité des enfants de moins de cinq ans en Europe et en Amérique. Les scientifiques ont cherché à déterminer le nombre de décès annuels dus aux infections respiratoires basses, une pathologie directement liée à l’exposition aux particules fines. Si les jeunes enfants ne constituent pas la catégorie d’âge la plus touchée, les chercheurs estiment tout de même ce chiffre à 876 en Amérique du Nord, 747 en Amérique du Sud et 605 en Europe.
Un message clair envoyé aux gouvernements
Les auteurs de cette étude aux résultats particulièrement interpellants concluent donc que les recherches actuelles sur les effets néfastes des combustibles fossiles se concentrent souvent sur les émissions de CO2 et le changement climatique, en négligeant les dommages sanitaires. Ils souhaitent aujourd’hui que leur travail encourage les différents gouvernements du monde à lutter contre ce problème au moins aussi sérieusement que pour une pandémie. « Nous espérons qu’en quantifiant les conséquences sanitaires de la combustion des combustibles fossiles, nous pourrons envoyer un message clair aux décideurs politiques et aux parties prenantes sur les avantages d’une transition vers des sources d’énergie alternatives », a déclaré le co-auteur Joel Schwartz, épidémiologiste environnemental à l’Université d’Harvard.
« Nous ne pouvons pas en toute bonne conscience continuer à dépendre des combustibles fossiles, alors que nous savons qu’ils ont des effets aussi graves sur la santé et qu’il existe des alternatives viables et plus propres », ajoute de son côté Eloise Marais, de l’University College de Londres. Alors que des mesures sans précédent sont déployées pour lutter contre la pandémie mondiale, il est aujourd’hui primordial que les décideurs politiques s’engagent réellement pour cet autre enjeu majeur de santé publique, qui menace en outre la planète à bien des égards. S’attaquer à la question des énergies fossiles, c’est remettre en question notre modèle économique axé sur le libre échange total, la consommation de masse et la croissance à tout prix. Malheureusement, il semblerait que nos responsables fassent tout le contraire. Source
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