Un recyclage innovant pour les batteries de voiture électrique

La promesse de BASF, Suez et Eramet

Réunis autour du programme ReLieVe. Financé à hauteur de 4,7 millions d’euros par l’Union européenne, il vise à développer un nouveau procédé technologique et à structurer une filière du recyclage sur le territoire. C’est en quelque sorte un prolongement du fameux Airbus des batteries dont l’objectif est de ne pas devenir dépendants de l’Asie tout en faisant progresser la mobilité électrique en Europe. Le projet recevra le support des équipes de recherche de Chimie ParisTech et de la Norwegian University of Science and Technology, mais aussi de la filière automobile représentée au sein du comité consultatif du programme ReLieVe.

ReLieVe

Que ce soit en anglais ou en français, l’acronyme ReLieVe permet de retrouver la raison être de ce programme : Recycler les batteries lithium-ion des véhicules électriques. Il devrait faire disparaître un des arguments des détracteurs de l’électromobilité selon lequel les voitures branchées seraient loin d’être propres du fait d’une impossibilité d’en recycler les batteries de traction. Créé par l’European Institute of Innovation and Technology (EIT), un organisme de l’Union européenne, c’est l’EIT Raw Materials qui apporte la part de financement de l’Europe à ce projet. « En tant que fournisseur de matériaux actifs de cathode pour les fabricants de batteries destinées aux véhicules électriques, BASF a la conviction que le recyclage jouera un rôle de plus en plus important dans le déploiement de l’électromobilité », assure Daniel Schönfelder, vice-président Business Management, chez BASF Battery Materials Europe.

3 Partenaires

L’enveloppe budgétaire est complétée par les 3 partenaires qui portent le programme ReLieVe. A sa tête, Eramet, un groupe minier et métallurgique français présent sur 5 continents et dans une vingtaine de pays, acteur clé de l’extraction et de la valorisation de métaux (manganèse, nickel, sables minéralisés) mais aussi de l’élaboration et de la transformation d’alliages à forte valeur ajoutée (aciers rapides, aciers à hautes performances, superalliages, alliages d’aluminium ou de titane). Collaborent avec lui Suez, leader mondial dans la gestion intelligente et durable des ressources (eau, déchets, etc.), et le chimiste allemand BASF. Ce dernier vient d’être également nommé dans la création du deuxième consortium européen de fabrication des cellules d’accumulateurs pour véhicules électriques, dans le cadre de l’Airbus des batteries.

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Président d’Eramet Ideas, le centre de R&D du groupe, Laurent Joncourt établit un parallèle entre le programme ReLieVe et une volonté plus large de l’Europe de se positionner sur une filière complète autour des accus pour véhicules électriques : « le projet ReLieVe répond à l’appel de la Commission européenne de se fédérer entre acteurs européens pour se positionner sur le marché croissant des batteries lithium-ion. L’obtention de ce financement va nous permettre d’accélérer les travaux en cours en vue de constituer une filière de recyclage de batteries lithium-ion à l’échelle européenne dotée d’un procédé innovant et compétitif ».

Boucle fermée

L’objectif du programme ReLieVe est de développer un processus « en boucle fermée de recyclage des batteries lithium-ion utilisées dans les véhicules électriques, et de permettre ainsi la production de nouvelles batteries lithium-ion en Europe », expliquent les 3 partenaires. A ce sujet, ils se positionnent idéalement pour former ce cercle vertueux. Suez collecte et démantèle les accumulateurs en fin de vie, Eramet s’est chargé de développer le processus de recyclage, et BASF construit de nouvelles cathodes pour les batteries lithium-ion avec les matériaux récupérés. Les 3 entreprises ne sont pas les premières à annoncer une telle boucle fermée. Fin octobre 2018, Audi et Umicore s’était engagés à mettre en place un circuit activable quasiment à l’infini avec un taux de 95% de récupération des précieux éléments contenus dans les cellules lithium-ion. Les partenaires du programme ReLieVe, eux, n’ont pas communiqué de chiffres.

A partir de janvier 2020

Eramet, BASF et Suez se sont donnés 2 ans, à partir de janvier 2020, pour développer à grande échelle leur procédé. Juste le temps pour qu’arrivent de façon importante les batteries lithium-ion embarquées dans les véhicules électriques produits depuis le début des années 2010, quand une exploitation en seconde vie, comme unité de stockage stationnaire, ne sera pas possible. Le réemploi de matières premières permettra d’abaisser encore l’empreinte environnementale des VE sur leur cycle de vie complet. « Nous sommes fiers d’apporter notre expertise et de contribuer à la récupération des composants des batteries en fin de vie grâce à ce partenariat. Environ 50.000 tonnes de batteries devraient être recyclées en Europe d’ici 2027, et ce chiffre pourrait être multiplié par plus de dix en 2035. Avec le projet ReLieVe, Suez soutient le développement d’approches alternatives alliant solutions circulaires et mobilité urbaine durable », commente Jean-Marc Boursier, directeur général adjoint chez Suez en charge de la valorisation des déchets dangereux en Europe. (Sources)

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