Gestion de l’énergie défi du millénaire !
Dans un contexte de prix élevés voir négatif donc imprévisibles du pétrole, l’utilisation d’un véhicule électrique est une alternative à laquelle beaucoup réfléchissent. Autre avantage majeur, alors que les transports représentent en France une part significative des émissions de gaz à effet de serre, c’est aussi une contribution significative à la transition énergétique.
Pour recharger les 161 700 véhicules électriques actuellement en circulation, les utilisateurs peuvent compter, selon le dernier état des lieux publié par Enedis, sur environ 194 000 points de recharges qui se répartissent de la façon suivante : 38 % chez les particuliers, 51 % dans les entreprises et 11 % seulement dans le domaine public. Cela représente en tout 1 330 MW de puissance installée, soit l’équivalent de la puissance d’une tranche nucléaire ou d’un parc de 400 éoliennes mais seulement 0,4 % des puissances souscrites sur le réseau. La CRE constate que le maillage de la recharge au niveau national est loin d’être à la traine par rapport aux objectifs européens ; on compte aujourd’hui un point de charge (toute catégorie confondue) pour 0,8 véhicule, et plus précisément un point de recharge ouvert au public pour 7 véhicules. Cependant ce maillage est loin d’être homogène aussi bien d’un point de vue de couverture du territoire que des puissances de recharge disponibles, Par ailleurs, les objectifs fixés par la loi de transition énergétique sont ambitieux avec 7 millions de points de recharge pour accueillir près de 4 millions de VE en 2030.
Face à de tels ces enjeux, la CRE est convaincue de la nécessité de préparer le terrain dès à présent, pour que les réseaux électriques ne soient jamais un frein au développement des véhicules électriques. La CRE a lancé une vaste réflexion sur le sujet. Ces travaux ont été annoncés lors d’un forum Smart grids « Le véhicule électrique : les feux passent au vert ! ». Ensuite, la CRE a consulté un grand nombre d’acteurs. Elle a entendu les constructeurs automobiles, les gestionnaires de réseaux, les fournisseurs et aussi les opérateurs de recharge. Elle a également interrogé ses homologues européens pour s’enrichir de leur expérience notamment sur le déploiement des bornes de recharge ouvertes au public et sur les flexibilités que le véhicule électrique peut offrir aux réseaux.
Il s’agit tout d’abord de faciliter et anticiper les opérations de raccordement des infrastructures de recharge. Les gestionnaires de réseaux ont un rôle à jouer : il leur faut conseiller les différents acteurs, faciliter l’ensemble des schémas de raccordement existants et ceux plus innovants pour réduire les coûts pour le demandeur comme pour la collectivité.
L’exercice du droit à la prise ainsi que la facilitation du déploiement des bornes sur la voie publique sont également deux priorités.
Aujourd’hui chez les particuliers en maisons individuelles et dans les entreprises, le raccordement des infrastructures de recharge ne pose pas de problème majeur. Dans l’habitat collectif existant, il faut en simplifier le process.
Sur la voie publique, des aménagements sont envisagés et déjà réalisés pour faciliter la recharge. Un maillage du territoire devra être assuré pour répondre à la diversité des besoins et stratégies de recharge : la recharge sur autoroute pour effectuer de longs trajets qui devra nécessairement être rapide, la recharge plus lente de nuit dans la rue pour les personnes ne disposant pas d’un parking privé, ou encore par exemple la recharge par opportunité sur les parkings des supermarchés pendant la durée des courses.
Une fois la question du raccordement des infrastructures de recharge traitée, l’acte de la recharge doit être rendu simple et efficace.
Premier constat et bonne nouvelle : le système d’électricité français a la capacité d’absorber le niveau de consommation que demandera le développement à grande échelle des véhicules électriques. Il conviendra cependant de se recharger au bon moment pour que la recharge des véhicules électriques ne vienne pas amplifier la pointe de consommation électrique nationale.
Ainsi, il faudra inciter les acteurs à adopter les bons comportements permettant aux réseaux d’absorber facilement l’appel de puissance due à la recharge des véhicules électriques, de façon à limiter des investissements inutilement coûteux pour la collectivité.
Clef du succès: 90 % des charges la nuit et à domicile !
Quelles sont les pratiques à adopter ? Dans les maisons individuelles, il faudra éviter que tout le monde procède à la recharge de son véhicule lors de la pointe de consommation nationale de 19h et à 23h lors de l’enclenchement des ballons d’eau chaude. Pour cela les utilisateurs de véhicule électrice pourront s’appuyer notamment sur les possibilités offertes par les compteurs évolués. Dans les copropriétés ou dans les entreprises, le regroupement de plusieurs véhicules sur un même site permettra d’envisager un pilotage plus fin pour réduire la puissance souscrite en allant au-delà du foisonnement naturel.
Il faut donc que le réseau se prépare à accueillir ce nouveau mode de consommation. Il faut aussi qu’il puisse tirer profit du véhicule électrique qui est un mode de stockage sur 4 roues qui à ce titre peut participer à la flexibilité du système V2G & V2H. Tout l’enjeu sera de mobiliser efficacement ces services.
Pour y parvenir, des expérimentations doivent être menées, et leurs conclusions publiées : seul le partage d’expérience permettra de définir le cadre optimum pour accompagner ce développement, notamment d’un point de vue réglementaire. La CRE souhaiterait mettre en place un « bac à sable réglementaire », pendant une durée limitée et sur des projets précis, à l’image des dispositifs mis en place en France dans le secteur des télécommunications et en Angleterre dans le secteur de l’énergie.
Economie circulaire, emplois durables, indépendance énergétique
Repenser la mobilité est une nécessité en termes de transition énergétique, de réduction de l’empreinte carbone et d’appropriation par l’ensemble des consommateurs des enjeux énergétiques. Les recommandations de la CRE pour que les réseaux d’électricité contribuent au développement des véhicules électriques sont une première étape clé. Elles ont vocation à s’enrichir, au fur et à mesure du développement de la mobilité électrique, au regard de l’évolution des comportements et du retour d’expérience des expérimentations, qui doivent être nombreuses, l’innovation devant être absolument favorisée pour un développement réussi de la mobilité électrique.
À cet égard, la CRE invite les parties intéressées qui souhaitent réagir à ces recommandations ou qui rencontrent des difficultés dans leurs projets à la contacter notamment via l’adresse générique mobilitepropre@cre.fr. L’ensemble des demandes faites au GRD dans le cadre de ce rapport feront l’objet d’un suivi spécifique.
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