Gaël Giraud: «La reconstruction écologique nous ouvre un monde de la surabondance»
Par AMÉLIE POINSSOT extrait article publié le 02 juin (Source Mediapart)
Le coronavirus a provoqué une crise économique et sociale sans précédent en France comme en Europe… Est-ce que les plans de relance sans conditions annoncés notamment pour l’automobile et l’aérien sont la bonne réponse ?
Gaël Giraud : Évidemment non !!!
On est en train de reproduire la même erreur qu’en 2008, c’est-à-dire qu’on utilise l’État comme compagnie d’assurance en dernier ressort : on laisse une partie du secteur privé faire les mêmes bêtises sans régulation, et quand cela nous conduit dans le mur, on demande à l’État de socialiser les pertes.
C’est le contraire qu’il faut faire : il faut responsabiliser le secteur privé qui a organisé le commerce international par des chaînes d’approvisionnement à flux tendu, sans stock – ce qui nous met dans une vulnérabilité effarante. L’État doit rentrer dans le capital d’entreprises et intervenir sur leur « business model » pour le ré-ordonner à l’intérêt général.
La contrainte crée le changement pour abolir la pollution et préserver la qualité de l’air !
Cela ne signifie ni recapitalisation sans conditions – comme ce à quoi l’on assiste en ce moment –, ni nationalisation, où c’est de nouveau le contribuable qui paye tout. Il y a une stratégie intermédiaire qui demande un État stratège, industrialiste. La difficulté, c’est que notre administration publique a perdu une grande partie de la culture industrielle qui était encore la sienne dans les années 1980. C’est l’occasion de s’y remettre. Il faut que l’État incite, sinon contraigne les entreprises à orienter leur « business model » vers la reconstruction écologique.
Quatre scénarios de bifurcation énergétique pour la France avaient émergé : Negawatt, Ancre, Ademe, Negatep. Je sais que Bercy, depuis lors, a jeté ces scénarios à la poubelle (au sens propre), mais les ingénieurs et les citoyens qui les ont conçus les ont gardés. Ils sont là, disponibles, prêts à servir. Ce qui les distingue, c’est la part du nucléaire dans le mix énergétique français en 2035, mais dans tous les cas, ils entraînent un réaménagement complet.
Tout cela va changer durablement le monde tel qu’on le connaissait jusqu’ici. Mais à quoi va ressembler le monde d’après ? Quels espoirs, quelles luttes, quels ordres politiques, sociaux, écologiques surgiront de cette pandémie ? Mediapart tente de dessiner quelques pistes pour alimenter notre réflexion commune de « l’après »
FUMER TUE oui l’autre phénomène mondial la “pandémie de pollution de l’air” de concert avec le coronavirus
Pour comprendre en écoutant
Tesla Riviera et ActiVE sur YouTube pour parler pollution air et EnR