Avec le smart charging, le véhicule électrique constitue une formidable opportunité en termes de flexibilité. Tout comme le déplacement de la charge du ballon d’eau chaude a permis de lisser la consommation d’électricité à partir des années 70, le véhicule électrique peut être aujourd’hui un atout considérable pour gérer la variabilité des autres postes de consommation moins flexibles comme le chauffage, mais aussi pour gérer la variabilité introduite par la croissance des énergies renouvelables. Un atout qui ne sera décisif que si l’on parvient à lever les freins au développement de la charge intelligente. D’où les différentes propositions émises dans ce livre blanc.Des gains réels pour le réseau électrique
En volume d’énergie et en fenêtre d’optimisation, le véhicule électrique représente un gisement physique de flexibilité bien plus grand que tous les autres usages électriques. De plus, il contient une batterie de plusieurs dizaines de kWh stationnée environ 95% de son temps. Le smart charging présente un réel intérêt pour le réseau électrique. Le pilotage de la charge des véhicules électriques en France permettrait d’éviter d’avoir recours à des centrales fossiles, diminuant les émissions de CO2 et le coût de production élevé de ces centrales. Il permettrait aussi de consommer les excédents d’énergie lors des périodes de demande résiduelle faible, évitant l’écrêtement d’énergies renouvelables.
Sur le plan économique, l’enjeu de ces modes de pilotage pour le système électrique français en 2035 est estimé à environ 1,5 milliard d’euros par an. Sur le plan environnemental, la gestion de la charge du véhicule électrique est considérée comme un levier puissant pour diminuer son empreinte carbone. L’utilisation de la flexibilité des véhicules électriques est donc très pertinente pour optimiser les ressources énergies renouvelables dans le cadre du mix français projeté à l’horizon 2035 au profit du consommateur et de la transition énergétique.
Développer le recours à la recharge décaléeCependant, des études récentes montrent qu’actuellement la charge des véhicules électriques est peu décalée, dans les entreprises comme dans les logements. En 2019, EDF et Enedis estimaient que seulement 30 à 40% des particuliers possesseurs d’un véhicule électrique décalaient régulièrement leur charge en heures creuses, alors même que ces utilisateurs se disent sensibles aux économies de facture et à l’impact environnemental de la recharge. Plusieurs raisons peuvent expliquer cette faible utilisation comme par exemple la non connaissance de son offre de fourniture d’électricité, les gains économiques trop limités, un moyen de pilotage non identifié ou bien encore un temps d’adaptation nécessaire après l’acquisition d’un véhicule électrique.
Le recours à la recharge décalée nécessite donc d’être développé et encouragé. Mais pour que le smart charging réalise tout son potentiel, la construction l’industrialisation et le déploiement de solutions techniques depuis le véhicule jusqu’au bâtiment demandent une vision claire des marchés et de la réglementation associée. Si l’offre de solutions devait s’enrichir dans les mois et années à venir, une action d’amorçage des pouvoirs publics pourrait être nécessaire afin d’augmenter l’incitation économique du pilotage de la charge sur place ou à distance.
Des propositions réglementaires pour lever les freins
Pour lever les freins à l’utilisation du smart charging, le livre blanc de l’Avere-France suggère tout d’abord de faire évoluer la réglementation sur différents points. Parmi les huit suggestions d’évolutions réglementaires, il propose ainsi de faciliter l’insertion du véhicule électrique dans les règles de participation aux mécanismes de services systèmes et d’ajustement, et notamment de disposer d’une définition dans ces règles du pilotage intelligent de la charge et du Vehicle-to-grid, ainsi que de possibilités d’agrégation des véhicules électriques sur les réseaux électriques de transport et de distribution. Il préconise également à ce que l’on puisse disposer de règles de contrôle du réalisé adaptées à l’usage véhicules électriques pour les effacements.
Le groupe de travail à l’origine du livre blanc souhaite également une adaptation des Tarifs d’Utilisation du Réseau Public d’Electricité (TURPE) dont la structure devrait mieux refléter les coûts du réseau, notamment en accroissant la différenciation tarifaire entre les heures pleines et les heures creuses. Il suggère également de disposer d’une définition de la consommation finale d’électricité tenant compte du fait que l’énergie soutirée puis réinjectée sur le réseau par un véhicule électrique ne constitue pas une consommation finale d’électricité. Enfin, il incite à lever les freins à l’utilisation des batteries dans le cadre des dispositifs de soutien aux énergies renouvelables.
Des préconisations de politiques publiques
Outre ces évolutions réglementaires, le livre blanc comporte également 5 préconisations de politiques publiques. Ses auteurs souhaitent d’abord voir pousser la réflexion sur les tarifications dynamiques avec des pointes mobiles générant de la valeur pour le client qui met en place un système de gestion d’énergie comprenant le pilotage de la charge. Ils préconisent aussi que l’on encourage la recharge pilotable (bornes, pilotage par véhicules) pour les nouveaux raccordements dans le cadre de la révision du décret IRVE avec des critères de taille de parking. La majorité du potentiel pilotable de la charge des VE se trouvant actuellement dans les maisons individuelles, les dispositifs de soutien pour les bornes privées et les solutions pilotage de charge connectées doivent également être maintenus et garantis.
Enfin, dernière préconisation de politique publique contenue dans le livre blanc : le lancement en France d’un dispositif V2G à grande échelle permettant de voir émerger une filière française et d’explorer les spécificités du marché français. Une volumétrie de 5 000 véhicules/bornes parait pertinente pour amorcer une première baisse des coûts des technologies et avoir la taille suffisante pour participer aux différents mécanismes de marchés. Outre la faculté de faire travailler ensemble les différents acteurs de la filière sur cette technologie, cette démarche permettrait de démontrer la pertinence technico-économique de la solution et la capacité du V2G à répondre aux besoins des différents marchés de l’énergie à un coût compétitif.
Source et pour plus d’information AVERE-France
Clef du succès: 90 % des charges la nuit et à domicile
Privilégier la recharge normale de nuit « La rapidité de la recharge connaît une progression à deux chiffres chaque année »
Ping :Voiture électrique: au lieu de s’arrêter pour faire le plein, il faut faire le plein quand on s’arrête – Acti-VE.org