Aujourd’hui, le transport routier constitue la plus grande source d’émission de CO2 en Europe.
Pour lutter contre le réchauffement climatique, il s’avère donc indispensable d’aller vers une mobilité plus propre. L’Union européenne et de nombreux Etats l’ont bien compris en édictant des mesures réglementaires ou fiscales poussant les constructeurs automobiles à augmenter leur offre de voitures électriques et incitant les particuliers à faire l’acquisition de véhicules zéro émission. Pourtant, certaines idées reçues ont la vie dure et nombreux sont ceux qui estiment que, si l’on prend en compte l’ensemble de leur cycle de vie, les voitures électriques polluent plus que les voitures à moteurs thermiques. Une nouvelle étude publiée par l’ONG Transport & Environment, basée à Bruxelles, vient battre en brèche cette affirmation fallacieuse. En prenant en compte le cycle de vie complet du véhicule électrique : de la fabrication de ses différents composants jusqu’au terme de son utilisation, l’étude montre qu’aujourd’hui les voitures électriques émettent en moyenne trois fois moins de CO2 qu’un véhicule roulant au diesel ou à l’essence. Un outil mis en ligne permet également d’obtenir des résultats détaillés en fonction des sites de production des véhicules et des pays dans lesquels ils circulent et se rechargent.
La méthodologie de l’étude
Jusqu’à présent, beaucoup d’études portant sur le cycle de vie des véhicules électriques s’appuyaient sur des données incomplètes ou obsolètes. Celle réalisée par Transport & Environment s’est attachée à éviter ces écueils en prenant en compte de nombreux critères et en tenant compte de l’évolution prévisible de certaines données. Ainsi, par exemple, pour prendre en compte l’impact de la recharge des véhicules électriques, l’étude a intégré les scénarios de décarbonation du réseau électrique conformes à l’adoption actuelle et attendue des énergies renouvelables jusqu’aux années 2040. Pour l’empreinte carbone de la batterie, Transport & Environment a pris en compte les derniers progrès en matière de fabrication des batteries, ce qui donne des valeurs deux à trois fois inférieures aux estimations des précédentes études. De même, l’étude prend en considération les émissions réelles des véhicules thermiques au lieu de valeurs d’essais de laboratoire, tandis que les estimations de kilométrage sur l’ensemble de la vie d’un VEB ont été ajustées aux performances de la dernière génération de voitures électriques et de batteries. Enfin, pour apporter une réponse claire au niveau de pollution de chaque type de véhicule, Transport & Environment a mis au point un outil, disponible en ligne sur son site, permettant de calculer les valeurs pays par pays.
Les véhicules électriques plus propres dans tous les scénarios
Les résultats de l’étude montrent que, quel que soit le pays européen où elle est produite et utilisée, une voiture électrique est beaucoup moins génératrice de CO2 qu’un véhicule thermique de taille équivalente. Ainsi en 2020, une voiture électrique de taille moyenne comme un Nissan Leaf ou la prochaine Volkswagen ID. 3 émet environ 90 gCO2/km au cours de sa durée de vie tandis qu’une voiture diesel comme une Golf ou un Nissan Qashqai émet 234 gCO2/km et une voiture à essence 253 gCO2/km. L’empreinte carbone d’une voiture électrique fluctue néanmoins en fonction de l’endroit où elle a été fabriquée, mais aussi où elle est rechargée. Dans le meilleur des cas, si la voiture est rechargée à partir d’une électricité produite à l’aide d’énergies renouvelables comme l’hydroélectricité suédoise, l’impact des GES diminue à 47 gCO2/km, soit 5 à 5,4 fois moins que les équivalents diesel et essence. Même dans le scénario le plus défavorable dans lequel la batterie est produite en Chine et où la recharge s’effectuerait à partir du mix énergétique de la Pologne, un véhicule électrique serait toujours 22% plus propre que son équivalent diesel et 28% que son équivalent essence.
La Suède et la France bons élèves
Le simulateur mis au point par Transport & Environment permet d’effectuer des comparaisons par pays. Il met en évidence l’influence sur les résultats du réseau électrique national au cours de la phase d’utilisation du véhicule. C’est en effet l’intensité carbone de l’électricité utilisée pour charger le véhicule qui a le plus d’impact sur les émissions de CO2 du cycle de vie des voitures électriques. La Suède et la France apparaissent comme les bons élèves de l’Union européenne. Ainsi, sur l’ensemble de son cycle de vie, une voiture électrique rechargée à partir des mix énergétiques suédois et français est quatre à cinq fois plus propre qu’une voiture diesel ou à essence. Dans le détail, en France, l’empreinte carbone sur l’ensemble de son cycle de vie d’une voiture électrique de type Zoé est de 55 gCO2/km contre 253 g/km pour une compacte à essence et 233 g/km pour une diesel. Aux Pays-Bas, en Allemagne et en Italie, une voiture électrique est encore un peu plus de deux fois plus propre qu’un véhicule thermique, alors qu’en Pologne, qui est l’un des réseaux électriques le plus fortement carboné d’Europe avec une électricité provenant en majorité de centrales thermiques au charbon, une voiture électrique n’est plus que 26% plus propre d’une voiture diesel.
Une empreinte carbone encore plus favorable en 2030
Outre les mesures de l’empreinte carbone des différents types de véhicules en 2020, l’outil mis en place par Transport & Environment permet aussi de se projeter à l’horizon 2030. Une date à laquelle les émissions de CO2 des véhicules électriques sur l’ensemble de leur cycle de vie seront considérablement réduites par rapport à 2020. Les prévisions font état d’une baisse de 41% en moyenne dans l’ensemble des pays de l’Union européenne. La décarbonation rapide de l’électricité devrait ainsi ramener les émissions d’une voiture électrique de catégorie moyenne à 53 gCO2/km et la rendre 4,2 fois plus propre qu’une voiture diesel. Le gain serait encore plus fort pour les voitures de catégories supérieures ou pour les véhicules électriques partagés.
Pour éviter que certaines hypothèses actuelles ne deviennent à leurs tours obsolètes, l’outil sera régulièrement mis à jour pour prendre en compte certains progrès susceptibles de faire baisser l’empreinte carbone des véhicules électriques. Des progrès envisagés notamment dans le domaine du recyclage des batteries ou du développement de la recharge intelligente qui donnera plus de flexibilité aux réseaux électriques. Enfin, la probabilité est également grande pour qu’en 2030, la durée de vie des véhicules électriques et de leur batterie permette de parcourir des distances bien plus grandes qu’aujourd’hui, allant jusqu’à plus d’un demi-million de kilomètres avant que la batterie ne soit remplacée. (Source)
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